Page:Sand - Cadio.djvu/272

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de dames endimanchées à l’ancienne mode : vous allez y voir reparaître la poudre et les paniers. Les hommes sont mieux dans leur simple costume de partisans. On joue, on rit, on boit… un peu trop peut-être ! Enfin, puisque la Convention nous fait ces loisirs, il n’y a pas grand mal à en profiter.

LOUISE. Si vous le permettez, je ne descendrai qu’au moment de me rendre à l’église.

SAINT-GUELTAS. Vous aller rêver ou pleurer seule à cette fenêtre, pour paraître pâle et les yeux meurtris, comme une victime qui se fait traîner à l’autel ?

LOUISE. Que vous font mes larmes ? Est-ce que vous avez le temps de vous en occuper ?

SAINT-GUELTAS. Vous voyez que je sais le prendre, puisque me voilà roucoulant près de vous, tandis que les plus graves intérêts se débattent chez moi. Vous saurez que trois personnages de votre connaissance nous sont arrivés mystérieusement d’Angleterre de la part des princes : c’est le marquis de la Rive et votre ancien ami le baron de Raboisson, avec un ancien aumônier de l’ancienne grande armée, celui qu’on appelait M. Sapience. Voyons ! cela ne vous intéresse pas ? Vous ne voulez pas suivre l’exemple des femmes d’esprit et de courage qui servent maintenant d’intermédiaires à nos combinaisons politiques ? Vous avez tort !

LOUISE. Vous estimez ces femmes pour qui la politique est un prétexte et la galanterie un but ?

SAINT-GUELTAS. Il serait plus juste de dire que c’est la galanterie qui est le moyen et la politique le but, par conséquent l’absolution. Vous vous obstinez dans des principes farouches qui ne mènent à rien d’utile, ma chère amie !