Page:Sand - Cadio.djvu/286

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SAINT-GUELTAS. Consolez-moi, vous, car je suis éperdu d’amour pour vous depuis ce soir.

LA COMTESSE. Alors, vous ne m’aviez pas encore aimée ?

SAINT-GUELTAS. Ma foi, non ; je commence !

LA COMTESSE. Ce n’est pas vrai, mais c’est aimable. J’ai à vous parler après la cérémonie.


TROISIÈME TABLEAU

Au bord de la mer, sur un escalier taillé dans le roc, qui descend en rampe la falaise à pic jusqu’à une petite construction soudée à son flanc.




Scène UNIQUE. — LA KORIGANE, TIREFEUILLE, puis la Folle et son Enfant.


TIREFEUILLE, montrant la construction. Pas possible de les laisser dans ce guettoir. La porte ne tient plus ; ils s’échapperont encore. Il faudrait les embarquer tout de suite.

LA KORIGANE. La mer est trop mauvaise ce soir.

TIREFEUILLE. Pourtant, le maître a dit de les conduire cette nuit à Noirmoutier.

LA KORIGANE. Va prendre ses ordres. Dépêche-toi. (Tirefeuille monte l’escalier. La Korigane le descend jusqu’au guettoir.) Ce qu’il faudrait faire, il le désire. S’il ne le veut pas… Pourquoi ne le voudrait-il pas ? Il m’a déjà commandé le mal, et plus j’en faisais, plus il avait d’estime pour mon courage. Il sera content après. Il est perdu sans cela. La folle parle plus qu’il ne pense. Voilà les cloches qui annoncent la fin. Il est marié. Si je ne me dévoue pas pour lui, il est déshonoré, conspué, abandonné de tout le monde… Allons ! que le crime retombe sur ma vie et le péché sur mon