Page:Sand - Cadio.djvu/344

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très-supérieur à sa condition sociale, et le mépris que j’avais d’abord pour son rôle vis-à-vis de moi est devenu un désir de lutte sérieuse. J’accepte donc l’antagonisme, et il ne me déplaît pas d’avoir devant moi un adversaire de cette valeur. Je consens à reconnaître qu’aux termes de la législation actuelle, les droits de monsieur sont soutenables et que les miens ne le sont pas ; mais, comme je ne puis reconnaître l’autorité morale d’une loi faite par nos ennemis et qui blesse ma croyance politique et sociale, comme d’ailleurs la femme qui a requis ma protection, à quelque titre que ce soit, ne peut plus, selon moi, en invoquer une autre, il faut que le débat se termine par la suppression de M. Cadio ou par la mienne. Je n’ai pas de sots préjugés, moi ; un duel à mort tranchera la question, et je le lui propose sur-le-champ. Ma compagne restera près de vous, monsieur de Sauvières. Si je succombe, je sais de reste qu’elle ne tombera pas du pouvoir du vainqueur. Je la confie à votre honneur, à votre amitié pour elle.

LOUISE. Oh ! mon Dieu, quel châtiment pour moi qu’un pareil combat ! (À Saint-Gueltas.) Je vous supplie…

SAINT-GUELTAS, sèchement. Vous n’avez plus rien à dire. C’est à M. Cadio de répondre.

CADIO. Ainsi, vous me faites l’honneur de vous battre en duel avec moi, monsieur le marquis ? C’est bien généreux de votre part en vérité ! Vous n’avez donc plus personne sous la main pour me faire tuer par trahison ?

SAINT-GUELTAS, irrité. Vous refusez ?

CADIO. Non, certes ! mais je me demande lequel de nous fait honneur à l’autre en acceptant le défi !

HENRI. N’envenimons pas la querelle par des récri-