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SCÈNE VI. — Les Mêmes, LA KORIGANE.


LA KORIGANE. Est-ce que vous vous impatientez ? (Elle présente un bol de crème à Roxane.)

ROXANE. Non, non, petite, c’est fort bien. (Elle boit.) Elle est délicieuse, ta crème. Ah ! ma pauvre enfant, nous voilà bien en peine ! Tu n’as pas peur, toi ?

LA KORIGANE. Moi, peur ? Et de quoi donc, mamselle ?

LOUISE. Des brigands !

LA KORIGANE. Oh ! ça me connaît, moi, les brigands ! c’est tout du monde comme moi !

ROXANE. Comme toi ? Ah ça ! où donc les as-tu connus ?

LA KORIGANE. Oh ! dame ! dans tout le bas pays. Vous savez bien que j’ai pas mal roulé de ferme en ferme et de château en château avant que d’entrer chez vous. Vous m’avez prise parce que votre cousine, chez qui j’étais en dernier, vous a envoyé des vaches brettes et moi par-dessus le marché, comme le chien qu’on vend avec le troupeau. Elle ne tenait pas à moi, — pas plus que moi à elle ! — Elle m’a dit comme ça : « Tu es mauvaise tête, tu ne souffres pas les reproches ; mais tu sais soigner les bêtes, et je vais t’envoyer avec les tiennes chez des dames très-riches et très-douces. » Moi, j’ai dit : « Ça me va, de m’en aller. J’aime à changer d’endroit, je ne restais chez vous qu’à cause des vaches. » Et pour lors…

ROXANE. C’est bon, c’est bon, caquet bon bec ! tu nous raconteras tes histoires un autre jour. Remporte ta tasse.