Page:Sand - Cadio.djvu/41

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qu’une cinquantaine ; mais, autour de vous, dans les bois, il y a autant d’hommes que d’arbres, monsieur le comte ! et faudrait pas nous mépriser parce qu’on vous paraît une poignée. On est venu ici en confiance…

LE COMTE. Il est inutile de menacer, monsieur ; fussiez-vous seul, vous seriez en sûreté chez moi !

MACHEBALLE. Alors, monsieur le comte, vous allez, je pense, rassembler vos métayers, vos domestiques et tout le monde de votre paroisse, et vous viendrez avec nous, pas plus tard que tout à l’heure, donner l’assaut à la ville de Puy-la-Guerche ?

LE COMTE. Non, monsieur, je ne le ferai pas, et je vous prie, je vous somme au besoin, de vous retirer du district où j’ai le devoir de commander la garde nationale.

MACHEBALLE, riant. Vous me sommez, au nom de quoi ?

LE COMTE. Au nom du roi, monsieur.

MACHEBALLE. Comment donc que vous arrangez ça dans le pays d’ici ?

LE COMTE. Dans le pays, on procède comme ailleurs au nom de la République ; mais avec vous j’invoque la seule autorité légitime que je reconnaisse.

MACHEBALLE. Alors, comment que vous arrangez ça dans votre cervelle ? (Les Vendéens rient.) Comment donc prétendez-vous, au nom du roi, m’empêcher de servir le roi ?

LE COMTE. Chacun entend le service du roi à sa manière. Vous avez méconnu la sainteté de sa cause en commettant des excès, des cruautés sans exemple. J’ai fait honneur à ceux qui ont signé votre mandat en écoutant vos ouvertures, et, maintenant que je les ai