Page:Sand - Cadio.djvu/51

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mais, avant de prendre une détermination aussi grave, réfléchissez encore un instant, je vous en supplie !

LE COMTE, haut. Et vous attendiez l’arrivée de ces nombreux témoins pour donner plus d’importance à ma réponse ?

SAINT-GUELTAS. Je ne le nie pas, monsieur le comte ; le temps des ambiguïtés de langage et de conduite est passé. Il y a un an et plus que nous préparons tout pour une guerre en règle, à laquelle la guerre de partisans a servi jusqu’ici de préambule. Elle éclate maintenant sur tous les points de la Vendée. Jusqu’ici, l’argent nous a suffi pour nous organiser. Ceux qui combattent comme moi y ont jeté leur fortune entière avec leur vie. Ceux des gentilshommes qui n’ont pas voulu payer de leur personne nous ont donné une année de leur revenu.

LE COMTE, élevant la voix. Moi, monsieur, j’en ai donné deux, et je l’ai fait volontairement.

SAINT-GUELTAS. Personne ne l’ignore, et c’est cette noble libéralité qui rend votre position fausse et impossible à soutenir. Vous ne pouvez payer les frais de la guerre contre vous-même. D’ailleurs, ces généreux sacrifices, ces utiles secours, ne suffisent plus. Il faut des bras à la sainte cause, des bras nouveaux et des cœurs éprouvés. Il faut des soldats, il faut des officiers surtout. Vous avez servi, vous avez des talents militaires ; vous êtes encore jeune et robuste, vous disposez d’anciens vassaux aujourd’hui vos métayers et vos serviteurs dévoués, lesquels, nous le savons, ne demandent qu’à marcher sous vos ordres. Écoutez ! écoutez-les qui vous réclament. (On entend au dehors des clameurs et des cris de « Vive le roi ! ») Le moment est donc venu.