LE COMTE. Et Henri !… tu ne songes pas à lui ?
LOUISE. Votre exemple le décidera. En apprenant vos dangers, il accourra pour vous couvrir de son corps… S’il ne le faisait pas, je le mépriserais !… Ah ! c’est Dieu qui le veut, allez ! Partons, partons ! je vais donner des ordres.
LA TESSONNIÈRE. Songez à une voiture… On me permettra bien de marcher avec les femmes… pour les défendre ?
LOUISE. Je monterai à cheval, mon ami ; vous, vous irez en voiture avec ma tante.
ROXANE, entrant. Où donc ?
LOUISE. À la guerre ! Réjouissez-vous, nous servons le roi ! nous nous sommes déclarés, nous partons !
ROXANE. Ah ! vive-Dieu ! embrassez-moi, mon frère ! Oui, oui ! la guerre, le mouvement, la poudre, le danger, le triomphe ! Vous serez généralissime en Vendée, et maréchal de France quand le roi sera proclamé.
LE COMTE. Tâchez de garder vos illusions, ma sœur, et de ne pas perdre la tête au premier revers !
ROXANE. Bah ! le courage n’est pas nécessaire quand tant de braves gens en ont à notre place ! La France entière va se lever. Toute l’Europe est avec nous. Dans un mois, dans six semaines peut-être, le jeune roi sera aux Tuileries, — et nous aussi. — Quand partons-nous ?
LE COMTE. Sachons d’abord où vous irez. En Bretagne, on est redevenu tranquille…
LA TESSONNIÈRE. Ah ! on est tranquille par là ?
ROXANE. Mais je ne veux pas être tranquille, moi ! Je veux me battre, je serai Jeanne d’Arc, et Saint-Gueltas sera mon Dunois, mon aide de camp.