Page:Sand - Cadio.djvu/63

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que vous êtes ! Cent contre un ! c’est odieux ! c’est lâche !

LE COMTE, exaspéré. Assassins ! vous êtes des assassins ! (Les paysans s’arrêtent consternés, quelques-uns emportent Le Moreau.) Ah ! ma fille, voilà ce que c’est que la guerre civile ! et tu la désirais ! (Il tombe sur un siége, suffoqué.)

LOUISE. Mon père, il faut s’y jeter pour contenir ceux qui déshonorent la cause ! C’est le devoir, vous le voyez bien !

LE COMTE, se relevant avec énergie. Oui, contenir et châtier ! (Aux paysans.) Qui a fait cela ? qui a assassiné chez moi ?

PLUSIEURS PAYSANS. C’est pas moi ! — Ni moi ! — Ni moi !

LE COMTE, à Tirefeuille qui paraît, le fusil à la main. Est-ce toi, coquin ?

TIREFEUILLE, farouche. Oui, c’est moi ! Après ?

LE COMTE. Et qui encore ?

TIREFEUILLE, montrant un camarade. Y a lui, La Mouche ; on a tiré chacun son fusil. On n’est pas dans les maladroits.

LE COMTE, le prenant au collet avec vigueur. À moi, vous autres ! Honnêtes gens, qui n’avez pu empêcher cette infamie, prenez-moi ces deux brutes et jetez-les au cachot. Je les abandonne à la vengeance de nos ennemis ! (Les paysans font un mouvement pour obéir et s’arrêtent. Mézières tient Tirefeuille en respect.)

UN PAYSAN. Oui… mais… dites donc, monsieur le comte, faut pourtant savoir si vous êtes pour ou contre nous !

LE COMTE. Je suis votre capitaine et je vous mène à la guerre pour le roi et la religion.