HENRI. Nous diras-tu depuis combien de temps tu l’as quittée ?
CADIO. Non.
HENRI. Eh bien, ne le dis pas ; mais apprends-moi si son amie, mademoiselle Hoche, est toujours auprès d’elle…
CADIO. Cela ne vous regarde pas.
HENRI. Que viens-tu faire ici ?
CADIO. Je ne veux pas le dire.
HENRI. Avec qui es-tu venu de l’armée catholique ?
CADIO. Je ne dirai plus rien.
HENRI. Alors, tu es un espion.
CADIO. Moi ? Jamais !
LE CAPITAINE. Il faut pourtant nous expliquer votre présence, ou vous allez être fusillé dans cinq minutes.
CADIO, tombant sur ses genoux. Fusillé, moi ? Ah ! bon saint Cornéli, bon saint Maxire et bon saint Loup, sauvez-moi de la mort ! Me fusiller ! Un prêtre au moins, un prêtre ! Laissez-moi racheter ma pauvre âme !
HENRI. Tu tiens donc bien à vive ?
CADIO. Hélas ! ma vie est bien mauvaise. Je suis un maudit, un rebut, une famine, une guenille, vous voyez ! Dieu et les saints ne veulent plus de moi ; mais je ferai pénitence. Laissez-moi vivre pour me repentir !
HENRI. Parle, et on te laissera vivre.
CADIO, se relevant. Tuez-moi, je ne parlerai pas.
LE CAPITAINE, qui a été appeler Motus. Prends-moi ce gaillard-là, et quinze balles dans la poitrine. (L’arrêtant et lui parlant bas.) N’y touche pas, c’est pour voir.
MOTUS, affectant un air terrible. On est prêt, mon Capitaine !