LOUISE. Vous l’aurez voulu, Henri ! Apprenez donc que, dès ce jour, nos fiançailles sont rompues.
HENRI. Nos fiançailles ? Ah ! Louise !… Mais tu ne m’as jamais aimé, tu ne m’aimes pas ?
LOUISE. Si je vous aimais, que feriez-vous ?
HENRI, éperdu. Si vous m’aimiez, je me brûlerais la cervelle !
LOUISE. Le suicide est une lâcheté. Vous l’avez dit, il faut choisir entre le bien et le mal, entre l’amour et la haine.
HENRI. Haïssez-moi donc ! Je boirai le calice jusqu’à la lie !
LOUISE. Alors, sachez tout, je me serais sacrifiée pour vous ramener…
HENRI, avec amertume. Sacrifiée ? Vous en aimez un autre ? — Eh bien, vive la République ! J’aurais fait votre malheur. C’eût été ma honte et mon châtiment ! Ah ! ma chère épaulette, j’ai bien fait de ne pas te déshonorer !
LOUISE. Adieu donc pour toujours !
HENRI. Dieu ! on vient ! Rentrez, rentrez ici ! (Il la conduit vers la cachette.) Non ! trop tard ! (Il la pousse derrière le rideau, dans l’embrasure de la fenêtre.)
SCÈNE VII. — LE CAPITAINE, suivi de MOTUS, HENRI, LOUISE, cachée.
LE CAPITAINE, bas à Henri. Eh bien, le Breton ?
HENRI, de même. Innocent ! parti !
MOTUS, se retournant vers deux soldats qui le suivent et qui portent des bottes de paille. Ici, camarades !