Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/129

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à sept heures du matin, sachant bien qu’à peine arrivé à Paris, il courrait à sa besogne au lieu de se coucher. Quand je lui eus avoué mes craintes, sans toutefois lui parler des menaces de M. de Rivonnière, qu’il eût peut-être voulu braver, il me rassura en riant.

— Je n’ai pas l’esprit porté au mariage, me dit-il, et, de toutes les séductions que mademoiselle Dietrich pourrait faire chatoyer devant moi, celle-ci serait la plus inefficace. Épouser une femme légère, moi ! Donner mon temps, ma vie, mon avenir, mon cœur et mon honneur à garder à une fille sans réserve et sans frein, qui joue son existence à pile ou face ! Ne craignez rien, ma tante, elle m’est antipathique, votre merveilleuse amie ; je vous l’ai dit et je vous le répète. Je ferais donc violence à mon inclination pour partager sa fortune ? Je croyais que toute ma vie donnait un démenti à cette supposition.

— Oui, mon enfant, oui, certes ! ce n’est pas ton ambition que j’ai pu craindre, mais quelque vertige de l’imagination ou des sens.

— Rassurez-vous, ma tante, j’ai une maîtresse plus jeune et plus belle que mademoiselle Dietrich.

— Que me dis-tu là ? tu as une maîtresse, toi ?

— Eh bien donc ! cela vous surprend ?

— Tu ne me l’as jamais dit !

— Vous ne me l’avez jamais demandé.

— Je n’aurais pas osé ; il y a une pudeur, même entre une mère et son fils.

— Alors j’aurais mieux fait de ne pas vous le dire, n’en parlons plus.