Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/143

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— J’ai embrassé leur fils, un enfant adorable.

— Leur fils ! le fils de ton neveu ? Est-ce que ton neveu est en âge d’avoir un fils ? C’est un marmot que tu veux dire ?

— Un marmot, soit. Il a un an déjà.

— Pauline, jure que tu ne te moques pas de moi !

— Je te le jure.

— Alors c’est fini, dit-elle, voilà ma dernière illusion envolée comme les autres !

Et, se détournant, l’étrange fille mit sa figure dans ses mains et pleura amèrement.

Je la regardais avec stupeur, me demandant si ce n’était pas un jeu pour m’attendrir et m’amener à la rétractation d’un mensonge. Voyant que je ne lui disais rien, elle sortit avec impétuosité. Je la suivis dans sa chambre, où M. Dietrich, étonné de ne pas nous voir descendre pour dîner, vint bientôt nous rejoindre. Césarine ne se fit pas questionner, elle était dans une heure d’expansion et pleurait de vraies larmes.

— Mon père, dit-elle, viens me consoler, si tu peux, car Pauline est très-indifférente à mon chagrin. Son neveu est marié ! marié depuis longtemps, car il est déjà père de famille. J’ai fait le roman le plus absurde ; mais ne te moque pas de moi, il est si douloureux ! Cela t’étonne bien : pourquoi ? ne te l’avais-je pas dit, qu’il était le seul homme que je pusse aimer ? Il avait tout pour lui, l’intelligence, la fermeté, la dignité du caractère et la pureté des mœurs, cette chose que je chercherais en vain chez les