Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/20

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paraître ; oui, je vous le dirai, puisque vous ne le devinez pas. Ma mère aimait cette maison, elle l’avait choisie, arrangée, ornée elle-même. Vous n’étiez pas toujours d’accord avec elle, vous entendiez le beau autrement qu’elle. Moi je ne m’y connais pas : je ne sais pas si notre luxe est de bon ou de mauvais goût ; mais je revois maman dans tout ce qui est ici, et j’aime ce qu’elle aimait, par la seule raison qu’elle l’aimait. Vous êtes si bon que vous ne vouliez jamais la contrarier, vous lui disiez toujours : Après tout, c’est votre maison… Eh bien ! moi, je me dis : — C’est la maison de maman. Je veux bien aller à la campagne, où elle ne se plaisait pas : je m’y plairai, mon papa, parce que j’y serai avec vous ; mais, à l’idée que je ne reviendrai plus ici, ou que je verrai des étrangers installés dans la maison de ma mère, je pleure, vous voyez ! je pleure malgré moi, je ne peux pas m’en empêcher ; il ne faut pas m’en vouloir pour cela.

— Allons, dit M. Dietrich en se levant, on ne vendra pas et on ne louera pas !

Il sortit un peu brusquement en me faisant à la dérobée un signe que je ne compris pas bien, mais auquel je crus donner la meilleure interprétation possible en allant le rejoindre au jardin au bout de quelques instants.

J’avais bien deviné, il voulait me parler.

— Vous voyez, ma chère mademoiselle de Nermont, me dit-il en me tendant la main ; cette pauvre