Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/206

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n’était pas écoulée que ces six personnes se trouvèrent en présence.

M. de Rivonnière avait tout expliqué à ses deux amis. Ils connaissaient ses intentions. Il se retira dans son appartement, et Paul passa dans une autre pièce. Les quatre témoins s’entendirent en dix minutes. Ceux de Paul maintenaient son droit, qui ne fut pas discuté. Le vicomte de Valbonne, qui aimait le marquis autant que le point d’honneur, eut un instant l’air d’acquiescer au désir du jeune Latour en parlant d’engager l’auteur de la lettre à préciser la valeur d’une certaine phrase ; mais l’autre témoin, M. Campbel, lui fit observer avec une sorte de sécheresse que le marquis s’était prononcé devant eux très-énergiquement sur la volonté de ne rien expliquer et de ne pas retirer la valeur d’un seul mot écrit et signé de sa main.

Une heure après, les deux adversaires étaient en face l’un de l’autre. Une heure encore et Césarine recevait le billet suivant, de l’homme de confiance du marquis.

« M. le marquis est frappé à mort ; mademoiselle Dietrich et mademoiselle de Nermont refuseront-elles de recevoir son dernier soupir ? Il a encore la force de me donner l’ordre de leur exprimer ce dernier vœu.

» P.S. M. Paul Gilbert est près de lui, sain et sauf. « DUBOIS. »

Frappées comme de la foudre et ne comprenant rien, nous nous regardions sans pouvoir parler. Césarine