Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/208

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défendu d’avertir Marguerite, qui ne se doute de rien et ne peut rien apprendre ; mais il m’avait remis conditionnellement une lettre d’adieux pour vous, écrite la nuit dernière. Comme il n’a même pas eu à essuyer le feu de son adversaire, cette lettre ne peut plus vous alarmer. Pendant que vous la lirez, je vais chercher des nouvelles du pauvre marquis. On n’espérait pas tout à l’heure, peut-être tout est-il fini !

— Je veux le voir, s’écria Césarine.

Dubois qui était debout, allant avec égarement d’une porte à l’autre, l’arrêta. M. Nélaton ne veut pas, lui dit-il ; c’est impossible à présent ! restez-la, ne vous en allez pas, mademoiselle Dietrich ! Il m’a dit tout bas :

— La voir et mourir !

— Pauvre homme ! pauvre ami ! dit Césarine, revenant étouffée par les sanglots. Il meurt de ma main, on peut dire ! Certes il n’a pas eu l’intention de provoquer ton neveu, il ne m’aurait pas manqué de parole. Il a été sincère en voulant réparer le tort qu’il avait fait à Marguerite… Il s’y est mal pris, voilà tout. C’est mon blâme qui l’aura poussé à cette réparation qu’il paye de sa vie…

— Dis-moi, Césarine, est-ce par l’effet du hasard qu’il a rencontré hier Marguerite chez toi ?

— Qu’est-ce que cela te fait ? Vas-tu me gronder ? ne suis-je pas assez malheureuse, assez punie ?

— Je veux tout savoir, repris-je avec fermeté. Mon neveu pourrait être le blessé, le mourant, à l’heure qu’il est, et j’ai le droit de t’interroger. Ta conscience