Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cachait avec peine l’insurmontable aversion que lui inspirait désormais M. de Valbonne.

Au bout de deux mois de lutte, Césarine l’emporta, et son père fut élu à une triomphante majorité. Elle avait déployé une activité dévorante et une habileté délicate dont on parlait avec admiration. On vécut encore quelques jours de ce triomphe, qui n’enivrait pas M. Dietrich et qui commençait à désillusionner la marquise, car beaucoup de ceux qu’elle avait conquis avec tant de peine montraient de reste qu’ils ne valaient pas cette peine-là et n’avaient guère plus de cœur que des chiffres. Elle se sentit alors très fatiguée et très-souffrante. M. Dietrich, qui ne l’avait jamais vue malade depuis son enfance, s’effraya beaucoup et la reconduisit à Paris pour consulter.

Nous nous retrouvâmes donc à l’hôtel Dietrich tout à fait calmes et à peu près seuls ; tout le Paris élégant était à la campagne ou à la mer. Nous touchions à la mi-septembre, et il faisait encore très-chaud. Le marquis allait décidément mieux. Césarine voyait s’éloigner indéfiniment la recouvrance de sa liberté ; elle y était assez résignée, et son père espérait qu’elle aurait un jour quelque bonheur en ménage. L’engagement qu’avait pris son gendre de ne jamais la réclamer pour sa femme lui paraissait une délicatesse dont la marquise le tiendrait quitte en le revoyant guéri, soumis et toujours épris.

La consultation des médecins dissipa nos craintes. Césarine n’avait que l’épuisement passager qui résulte d’une grande fatigue. On lui conseilla de passer le