Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déraisonnables qu’innocentes ! De grâce, ma tante, laissez-moi oublier tout cela et rendre justice à la femme intelligente et bonne qui rachète, par le travail sérieux et la grâce sans apprêt, les légèretés ou les rêveries de la jeune fille.

Devais-je insister ? devais-je avertir M. Dietrich, alors absent pour six semaines ? devais-je inquiéter Marguerite pour l’engager à se tenir sur ses gardes ? Évidemment je ne pouvais et ne devais rien faire de tout cela. J’avais depuis longtemps perdu l’espérance de diriger Césarine ; je n’étais plus sa gouvernante. Elle s’appartenait, et je ne m’étais pas engagée avec son mari à veiller sur elle. Il n’y avait pas d’apparence qu’il fût jamais en état de tirer vengeance d’un rival, et Paul avait désormais assez d’ascendant sur lui pour détruire ses soupçons. D’ailleurs Paul voyait peut-être plus clair que moi ; Césarine, éprise de graves recherches et peut-être ambitieuse de renommée, ne songeait peut-être plus à lui.

Il la revit plusieurs fois, et peu à peu ils se virent souvent. M. Dietrich les retrouva sur un pied de relations courtoises et amicales si discrètes et si tranquilles, qu’il n’en conçut aucune inquiétude et ne jugea pas convenable d’en instruire M. de Valbonne dans ses lettres. L’automne arrivait, il se proposait de faire voyager un peu sa fille ; mais elle était parfaitement guérie et trouvait à Paris la solitude dont elle avait besoin pour travailler. Elle paraissait si calme et si heureuse qu’il consentit à attendre à Paris auprès d’elle l’ouverture de la session parlementaire.