son esprit troublé, lui témoigna un intérêt dont elle fut très-fière, rassura et égaya Paul, qui, à peine remis d’une terreur, retombait dans une autre, se fit aimer de madame Féron, avec qui elle causait des choses les plus vulgaires dans un langage si simple que la femme supérieure s’effaçait absolument pour se mettre au niveau des plus humbles. Cette séduction charmante me prit moi-même, car, dans nos entretiens, elle ne donnait plus de démenti confidentiel à sa conduite extérieure. Je me persuadai qu’elle était absolument guérie de son orgueil et de sa passion. Je ne craignis plus d’enflammer Paul en partageant l’admiration qu’il avait pour elle. Sa reconnaissance et son affection devenaient choses sacrées ; une prévision du danger m’eût semblé une injure pour tous deux. Et pourtant la marquise avait réussi là où avait échoué Césarine. Elle avait amélioré le sort de Paul, car, sans qu’il pût s’en douter, elle avait pesé, par l’intermédiaire de son père, sur les résolutions de M. Latour. Celui-ci, ayant éprouvé quelques pertes, voulait restreindre ses opérations. En lui prêtant une somme importante, M. Dietrich l’avait amené à faire tout le contraire et à charger Paul d’une affaire assez considérable. Elle avait ainsi donné du pain à l’enfant et du repos à la mère, elle avait été le médecin de l’une et de l’autre ; elle s’était emparée de la confiance, de l’affection, voire des secrets de la famille. Tout ce que Paul avait juré de soustraire à sa sollicitude, elle le tenait, et, loin de s’en plaindre, il était heureux qu’elle l’eût conquis.
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