Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/268

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point, mais forcée, par la nature de ses impressions, de tout subir et de tout révéler.

— Vous avez raison de vous moquer de moi, reprit-elle ; ce n’est pas joli de se souvenir d’un vilain passé, quand on a le présent meilleur qu’on ne mérite ; mais à vous, est-ce que je ne peux pas parler de tout ? Voyez donc si je n’ai pas sujet d’être jalouse de vous ! Pour qui est-ce que j’ai été trompée et quittée ? Vous pensez bien que je le sais à présent. Quoique Paul ne m’en ait jamais voulu parler, il a bien fallu que quelque parole lui échappât. Votre marquis vous aimait depuis longtemps ; c’est par dépit qu’il m’a recherchée, c’est pour retourner à vous qu’il m’a plantée là. Ce qui m’est arrivé une fois peut m’arriver encore. C’est peut-être mon sort que vous me fassiez tout le mal et tout le bien de ma vie.

— Vous déraisonnez tout à fait, Marguerite, lui-dis-je. Vous oubliez que la marquise de Rivonnière ne s’appartient plus ; vous lui manquez de respect, vous outragez votre mari ! J’admire la patience avec laquelle mon amie vous écoute et vous répond, je me demande ce que Paul penserait de vous, s’il pouvait vous entendre.

— Ah ! s’écria-t-elle épouvantée, si vous le lui répétez, je suis perdue.

— Je ne veux pas vous perdre, je ne veux pas surtout le rendre malheureux en le forçant à regretter son mariage.

Marguerite pleurait amèrement. La marquise la consola et l’apaisa avec une douceur maternelle, en