Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/270

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tante, je sais aussi soigner les enfants et je ne me fais pas un malheur des puériles contrariétés de la vie. Mes respects très-profonds à notre amie, mes tendresses à vous.

» Paul. »

— Il aura beau faire pour le cacher, me dit Césarine, à qui je communiquai cette lettre. Il est bien malheureux, ton Paul ! Il cède, et ce sera pire. Il prend la patience pour la force. Cette pauvre femme ne changera pas ; elle ne croira jamais aux autres parce qu’elle a perdu le droit de croire à elle-même. Aucune femme, si puissante qu’elle soit, ne se relèvera jamais entièrement d’une chute, et, quand elle est faible, elle ne se relève pas du tout. Il y a au fond de ce malheureux cœur une amertume que rien ne peut en arracher. La faiblesse dont elle rougit, elle souhaite ardemment de la constater chez celles qui n’ont point à rougir. Si elle pouvait la surprendre chez moi, en même temps que furieuse et désespérée, elle serait triomphante d’une joie lâche et mauvaise. Je te le disais bien que Paul ne pouvait pas épouser cette fille, et tu le sentais bien aussi ! Elle lui fera cruellement expier sa grandeur d’âme.

— Ne crains-tu pas qu’il ne t’en arrive autant ? Ne t’es-tu pas mariée sans amour, par un mouvement de générosité ?

— Je me suis mariée avec un mort, ce n’est pas la même chose, et j’ai pris mes précautions pour que ce mort ne revive pas avec moi. Je n’ai point fait