Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/325

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J’approuvai Bertrand et montai en voiture, le cœur un peu gros de voir Césarine si humiliée ; le tendre accueil de mes enfants d’adoption effaça ma tristesse. Nous passâmes l’été à Vichy et en Auvergne, d’où nous ramenâmes Marguerite guérie, heureuse et splendide de beauté, le petit Pierre plus robuste et plus gai que jamais. Je pus constater par mes yeux à toute heure que Paul était heureux désormais et qu’il ne pensait pas plus à Césarine qu’à un roman lu avec émotion, un jour de fièvre, et froidement jugé le lendemain.

Quant à la belle marquise, elle reparut avec éclat dans le monde l’hiver suivant. Son luxe, ses réceptions, sa beauté, son esprit, firent fureur. C’était la plus charmante des femmes en même temps qu’une femme de mérite, cœur et intelligence de premier ordre. Nous seuls, dans notre petit coin tranquille, nous savions le côté vulnérable de cette armure de diamant ; mais nous n’en disions rien et nous parlions fort peu d’elle entre nous. Marguerite, malgré le jugement sévère porté sur cette idole par son mari, était toujours prête à la défendre et à l’admirer ; elle ne pouvait pas oublier qu’elle devait la vie de son fils à sa belle marquise. Paul lui laissa cette religion d’une âme tendre et généreuse. Pour mon compte, cette absence de haine dans la jalousie me fit aimer Marguerite, et reconnaître qu’elle ne s’était pas vantée en disant que, si elle était la plus simple et la plus ignorante de nous tous, elle était la plus aimante et la plus dévouée.

Je me suis plu à raconter cette histoire de famille à mes moments perdus. Quel sera l’avenir de Césarine ? Son