— Il faut, lui dis-je, avant de nous quitter, conclure définitivement sur un point essentiel. Il faut pour seconder vos vues, si je les partage, que je sache votre opinion sur la vie mondaine que vous redoutez tant pour votre fille. Craignez-vous que ce ne soit pour elle un enivrement qui la rendrait frivole ?
— Non, elle ne peut pas devenir frivole ; elle tient de moi plus que de sa mère.
— Elle vous ressemble beaucoup, donc vous n’avez rien à craindre pour sa santé.
— Non, elle n’abusera pas du plaisir.
— Alors que craignez-vous donc ?
Il fut embarrassé pour me répondre. Il donna plusieurs raisons contradictoires. Je tenais à pénétrer toute sa pensée, car mon rôle devenait difficile, si M. Dietrich était inconséquent. Force me fut de constater intérieurement qu’il l’était, qu’il commençait à le sentir, et qu’il en éprouvait de l’humeur. Césarine l’avait bien jugé en somme. Il avait besoin de lutter toujours et n’en voulait jamais convenir. Il termina l’entretien en me témoignant beaucoup de déférence et d’attachement, en me suppliant de nouveau de ne jamais quitter sa fille, tant qu’elle ne serait pas mariée.
— Pour que je prenne cet engagement, lui dis-je, il faut que vous me laissiez libre de penser à ma guise et d’agir, dans l’occasion, sous l’inspiration de ma conscience.
— Oui certes, je l’entends ainsi, s’écria-t-il en respirant