Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/50

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ou moins reconnaissants, mais tous placés dans une certaine dépendance des frères Dietrich, de M. Hermann particulièrement, et formant ainsi une petite cour dont l’encens ne pouvait manquer de porter à la tête de Césarine.

Je n’ai jamais aimé le monde ; je ne me plaisais pas dans ces réunions beaucoup trop nombreuses pour justifier leur titre de relations intimes. Je n’en faisais rien paraître ; mais Césarine ne s’y trompait pas.

— Nous sommes trop bourgeois pour vous, me disait-elle, et je ne vous en fais pas un reproche, car, moi aussi, je trouve ma nombreuse famille très-insipide. Ils ont beau vouloir se distinguer les uns des autres, ces chers parents, et avoir suivi diverses carrières, je trouve que mon jeune cousin le peintre de genre est aussi positif et aussi commerçant que ma vieille cousine la fabricante de papiers peints, et que le cousin compositeur de musique n’a pas plus de feu sacré que mon oncle à la mode de Bretagne qui gouverne une filature de coton. Je vous ai entendu dire qu’il n’y avait plus de différences tranchées dans les divers éléments de la société moderne, que les industriels parlaient d’art et de littérature aussi bien que les artistes parlent d’industrie ou de science appliquée à l’industrie. Moi, je trouve que tous parlent mal de tout, et je cherche en vain autour de moi quelque chose d’original ou d’inspiré. Ma mère savait mieux composer son salon. Si elle y admettait avec amabilité tous ces comparses que vous voyez autour