Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/59

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— Rien encore, lui répondis-je, sinon qu’il a une belle tournure et un beau visage. Je ne me tiens pas auprès de vous au salon quand votre père ou vous ne réclamez pas ma présence, et j’ai à peine entrevu le marquis deux ou trois fois.

— Eh bien ! je la réclame à l’avenir, votre chère présence, quand le marquis viendra ici. Ma tante est une mauvaise gardienne et le laisse me faire la cour.

— Votre père m’a dit qu’il ne voyait pas avec déplaisir ses assiduités, et qu’il ne s’opposait pas à ce que vous eussiez le temps de le connaître. Voilà, je crois, ce qui est convenu entre lui et M. de Rivonnière. Vous déciderez si vous voulez vous marier bientôt, et dans ce cas on vous proposera ce parti, qui est à la fois honorable et brillant. Si vous ne l’acceptez point, on dira que vous ne voulez pas encore vous établir, et M. de Rivonnière se tiendra pour dit qu’il n’a point su modifier vos résolutions.

— Oui, voilà bien ce que m’a dit papa ; mais ce qu’il pense, il ne l’a dit ni à vous ni à moi.

— Que pense-t-il selon vous ?

— Il désire vivement que je me marie le plus tôt possible, à la condition que nous ne nous séparerons pas. Il m’adore, mon bon père, mais il me craint ; il voudrait bien, tout en me gardant près de son cœur, être dégagé de la responsabilité qui pèse sur lui. Il se voit forcé de me gâter, il s’y résigne, mais il craint toujours que je n’en abuse. Plus je suis studieuse, retirée, raisonnable en un mot, plus il craint que ma