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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/63

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Je me charge de vous le rendre plus ardent.

— Ce n’est pas le manque d’ardeur que je lui reproche, c’est le manque d’initiative. Il en est des bêtes comme des gens : l’éducation abrutit les natures qui n’ont point en elles des ressources inépuisables. J’aime mieux un animal sauvage qui risque de me tuer qu’une mécanique à ressorts souples qui m’endort.

— Et vous aimez mieux, observa le marquis, une individualité rude et fougueuse…

— Qu’une personnalité effacée par le savoir-vivre, répliqua-t-elle vivement ; mais, pardon, j’ai un peu chaud, je vais me rhabiller.

Elle lui tourna le dos et s’en alla vers le château, relevant adroitement sa jupe juste à la hauteur des franges de sa bottine. M. de Rivonnière la suivit des yeux, comme absorbé, puis, me voyant près de lui, il m’offrit son bras, tandis que M. Dietrich et sa sœur nous suivaient à quelque distance. Je vis bien que le marquis voulait s’assurer ma protection, car il me témoignait beaucoup de déférence, et après quelque préambule un peu embarrassé il céda au besoin de m’ouvrir son cœur.

— Je crois comprendre, me dit-il, que ma soumission déplaît à mademoiselle Dietrich, et qu’elle aimerait un caractère plus original, un esprit plus romanesque. Pourtant, je sens très-bien la supériorité qu’elle a sur moi, et je n’en suis pas effrayé : c’est quelque chose qui devrait m’être compté.

Ce qu’il disait là me sembla très-juste et d’un homme intelligent.