Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/69

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découragé, bientôt elle fut piquée de sa susceptibilité. Il n’y put tenir et revint. Elle fut aimable, puis elle fut cruelle. Il bouda encore et il revint encore. Ceci dura quelques mois ; cela devait durer toujours.

C’est que le marquis au premier aspect semblait très-facile à réduire. Césarine l’avait vite pris en pitié et en dégoût lorsqu’elle s’était imaginé qu’elle avait affaire à une nature d’esclave ; mais la soudaineté et la fréquence de ses dépits la firent revenir de cette opinion.

— C’est un boudeur, disait-elle, c’est moins ennuyeux qu’un extatique.

Elle reconnaissait en lui de grandes et sérieuses qualités, une bravoure de cœur et de tempérament remarquable, une véritable générosité d’instincts, une culture d’esprit suffisante, une réelle bonté, un commerce agréable quand on ne le froissait pas ; en somme, il méritait si peu d’être froissé qu’il était dans son droit de ne pas le souffrir.

Au bout de notre saison d’été à la campagne, M. Dietrich pressa Césarine de s’expliquer sur ses sentiments pour le marquis.

— Je n’ai rien décidé, répondit-elle. Je l’aime et l’estime beaucoup. S’il veut se contenter d’être mon ami, je le reverrai toujours avec plaisir ; mais s’il veut que je me prononce à présent sur le mariage, qu’il ne revienne plus, ou qu’il ne revienne pas plus souvent que nos autres voisins.

M. Dietrich n’accepta point cette étrange réponse.