Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment, maintenant que, sans me consulter, vous avez pris un parti. Écoutez-moi ; et toi, Lucienne, va voir Jennie.

Une heure plus tard, je vis Marius quitter ma grand’mère et s’en aller, la tête basse, du côté de la Salle verte ; je fus prise d’un effroi invincible. Jennie venait de me dire que Marius ne possédait plus rien au monde. Le dépositaire de son petit capital avait fait faillite ; ma grand’mère avait appris l’avant-veille la catastrophe qui réduisait Marius à la misère.

— Oui, allez avec lui, me dit Jennie ; n’ayez pas peur qu’il se tue, mais consolez-le de votre mieux, car il est bien à plaindre.

Je rejoignis Marius auprès du petit lac, qu’il regardait d’un air sinistre, mais, j’en suis bien certaine maintenant, sans la moindre velléité de s’y jeter.

— Je sais que tu es ruiné, lui dis-je en m’attachant à son bras sans me formaliser de la brusquerie avec laquelle il me repoussait ; mais, vois-tu, à quelque chose malheur est bon, comme dit Jennie. Tu vas rester avec nous ?

— Est-ce Jennie qui a dit cela ? demanda-t-il avec vivacité.

— Non, c’est moi qui le dis.

— Au fait, Jennie ne peut pas me sentir, et je