Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/128

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— C’est le docteur qui dit à présent qu’elle ne l’était pas ?

— Le docteur dit tout ce qu’on veut, tu le sais bien. C’est tantôt oui et tantôt non ; mais je sais des détails par d’autres personnes à qui Denise a tout avoué et tout raconté.

— Ces autres personnes, c’est madame Capeforte, conviens-en !

En effet, le pauvre enfant était l’écho de cette méchante femme. Lui qui l’avait toujours méprisée et raillée, il l’avait écoutée cette fois, parce que, mécontent de lui-même, il éprouvait le besoin de justifier à ses propres yeux la faute qu’il avait commise en adressant ses premières galanteries à la respectable Jennie et en regardant Frumence comme son rival auprès d’elle. Aussi, Marius, oublieux de ses propres torts et se gardant bien de me les laisser pressentir, se consolait-il de sa ridicule conduite par la pensée qu’il avait fait trop d’honneur à des misérables, et qu’il devait désormais autant que possible déjouer leurs intrigues.

Je fus atterrée un instant par ces malsaines et calomnieuses révélations, et, je dois l’avouer, je fus bien près d’y croire. Marius était un homme dans mon esprit, un homme qui avait déjà vu le monde et qui, à défaut de la science des livres,