Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/18

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le cerveau faible. C’est à cause de ça que j’ai résisté deux fois à la voix de mon saint patron ; mais, à la troisième, je n’ai plus osé. Faites de ce que je vous dis ce qu’il vous plaira. Moi, je crois avoir fait mon devoir.

L’apparition de Denise avait effrayé la vieille dame ; elle se rassura en voyant son air doux, sincère et résigné. Et puis la vision de cette femme répondait à des songes vagues et à des espérances persistantes chez elle-même. Elle avait tant prié, tant fait d’aumônes, tant suivi de processions, tant payé de messes, qu’il lui était bien impossible de douter de l’assistance divine. Les hallucinations de Denise lui parurent des révélations ; elle voulut savoir sous quel aspect le saint patron lui était apparu, quel âge il paraissait avoir, comment il était vêtu, de quels mots il s’était servi. Denise était naïve, elle manquait d’imagination, elle ne voulut ni ne put rien inventer. Elle avait vu quelqu’un en qui elle avait reconnu son patron, elle avait ouï des paroles qui annonçaient le retour de l’enfant ; elle n’en savait pas davantage.

Madame de Valangis la fit examiner et interroger par son médecin et son curé. Le médecin reconnut que le cerveau était calme. Le curé déclara que l’âme était sincère, et tout cela était vrai. La vieille dame en conclut que l’apparition était réelle