Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/183

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— Non, répondis-je ; Marius est à présent très-gentil avec moi. Il n’est plus despote comme autrefois, et, pour ma part, je n’ai pas à me plaindre de lui.

— Eh bien, alors ?

Je ne savais trop que répondre. Marius ne contribuait certainement pas alors à mon ennui habituel, et mes fiançailles avec lui ne me causaient certes aucune inquiétude. Ma réponse à Frumence fut embarrassée. Je prétendis — et, en disant cela, je me le persuadai — que j’aurais voulu trouver dans Marius un tendre frère, tandis que je ne trouvais en lui qu’un camarade indifférent.

— Manque-t-il de confiance en vous ? dit Frumence.

— Non, je suis sa confidente parce que je me trouve là et qu’il faut bien parler de quelque chose ; mais il n’a rien à confier, il n’aime et ne hait personne, c’est un cœur de glace.

Je faisais des phrases pour le besoin d’en faire. Frumence y fut pris comme je m’y prenais moi-même. Je me cherchais un sujet de chagrin pour me grandir et reluire à mes propres yeux. Il crut à un chagrin réel et me donna sérieusement des consolations dont je n’avais réellement nul besoin.

— Il est vrai, me dit-il, que Marius est peu expansif et assez frivole ; mais il est si jeune, qu’on