Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/227

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elle ne pouvait plus entendre lire sans s’assoupir. Il lui fallait une petite causerie que je ne savais pas varier sur un même thème de tous les jours. Galathée saurait lui dire des riens et ne s’ennuierait pas d’en dire, puisqu’elle n’avait pas autre chose dans l’esprit. Galathée était une fille faite : le grand exercice ne lui était plus indispensable. Enfin ma bonne maman tenait à contenter la mère, et le docteur disait qu’on pouvait bien essayer quelques mois, que cela n’engageait à rien, et qu’on verrait plus tard. C’était sa formule vis-à-vis de tous ses malades.

Je dus céder aussi ; Galathée fut installée chez nous dans l’appartement de miss Agar. Jennie m’engagea à lui faire bon accueil. Elle était timide et gauche, et peut-être était-elle à plaindre ou à encourager. J’y fis de mon mieux, et j’y voulus mettre de la générosité. J’appris à Galathée à s’habiller, à s’asseoir, à manger, à saluer, à fermer les portes, à ne pas se casser le nez contre les murs et à ne pas tomber dans les escaliers ; car cette jeune fille, qui devait me ramener aux convenances de mon sexe, était une véritable butorde, beaucoup plus ahurie chez nous que ne l’eût été une chevrière du Regas. Elle ne connaissait au monde que des religieuses et des garçons meuniers.

Elle se débarbouilla assez vite et prit une appa-