Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/229

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Elle fût morte de désespoir plutôt que de manquer la messe du dimanche ; il me fallut donc l’emmener aux Pommets. Nous n’avions qu’un cheval de selle, Zani, dont elle avait grand’peur ; mais elle obtint que Michel la prendrait en croupe sur son gros cheval de voiture, disant qu’elle avait l’habitude d’aller ainsi avec ses meuniers. Quand Frumence me vit accompagnée de Galathée, il ne m’évita plus, et j’en tirai plus que jamais cette conséquence, qu’il craignait le trouble du tête-à-tête avec moi. Je me trompais beaucoup : Frumence ne craignait que la possibilité des méchants propos.

Nos entretiens redevinrent donc suivis et fréquents, et Galathée y assista, la bouche béante d’admiration, vu qu’elle n’y comprenait goutte. Je pensais qu’elle s’en lasserait vite et que nous l’endormirions au bout d’une heure. Il n’en fut rien, et je ne pus m’empêcher de remarquer que son attention se soutenait avec une ardeur extraordinaire. Je l’encourageai à profiter des excellentes instructions que je recevais, et, comme elle paraissait y faire son possible, je m’imaginai que je pourrais, Frumence aidant, la rendre un peu moins niaise. J’entrepris donc son éducation ; mais elle ne s’y prêta pas comme je m’y attendais. Elle me dit, dès les premières leçons, que je lui en