Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/231

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curiosité m’entraîna à tout savoir. Galathée était de complexion éminemment amoureuse. Elle ne se rappelait pas le temps où elle avait vécu sans passion. Dès l’enfance, elle avait adoré le garçon meunier Trémaillade. Après plusieurs autres ejusdem farinæ, c’est le cas de le dire, elle avait été éprise de Marius, et Marius, disait-elle, lui avait bien fait entendre qu’il voulait l’épouser. Madame Capeforte lui avait recommandé d’être aimable avec lui ; mais, un jour, Marius l’avait blessée par ses caprices. Il s’était moqué d’elle devant le monde, elle avait dû l’oublier, d’autant plus qu’elle avait revu Frumence, dont elle s’était bien déjà sentie éprise plus d’une fois quand elle le rencontrait chez nous. Depuis qu’elle le voyait toutes les semaines, il n’y avait plus à s’y tromper, c’était lui le bien-aimé définitif. Elle espérait lui inspirer une inclination. D’ailleurs, il n’avait rien ; elle était riche, ou elle le serait. Le docteur Reppe lui avait promis une dot. Sa mère, qui était ambitieuse, s’opposerait à ce mariage ; mais Galathée saurait bien se faire protéger par le docteur, qui ne lui refusait rien. Madame Capeforte craignait le docteur, elle céderait. Frumence, reconnaissant de la fidélité de Galathée, serait le meilleur des époux et le plus fortuné des hommes : tel était le roman de Galathée.