Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/238

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Que d’hésitations et de réactions dans une pauvre tête de dix-neuf ans ! Me voilà sceptique pour une nouvelle phase de ma jeunesse ! Marius reprend sur moi l’ascendant qu’il avait perdu. Je redeviens rieuse et active sans être véritablement gaie, car tout désenchantement est triste. Je ne cherche plus dans l’entretien de Frumence que le côté sec de la réalité historique, je n’aime plus les poètes, j’étonne mon instituteur par la froide rectitude de mon jugement, et je lui apparais plus athée que lui-même.

Une dernière crise marqua le terme de mes instincts de vanité féminine. Un jour que je sermonnais un peu Marius sur l’excès de ses malices, je lui demandai, pour l’attendrir, si, à travers les aberrations de Galathée, il ne pouvait pas y avoir un attachement vrai pour Frumence, quelque chose d’exagéré, de mal compris, de mal exprimé, mais de respectable en soi-même.

— D’ailleurs, ajoutai-je, que savons-nous de l’avenir ? Frumence pourrait être touché à la longue de voir cette fille riche le préférer à de riches partis, et, comme nous aimons beaucoup Frumence, nous regretterions, toi et moi, d’avoir ainsi tourmenté et presque avili sa femme.

— Voilà une idée tout à fait fantasque, répondit Marius. D’abord, la ridicule Galathée ne se mariera