Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/241

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erreur sur son compte ? J’amenai l’entretien, que j’avais l’habitude de diriger à mon gré, sur la question du mariage. Il fronça d’abord un peu le sourcil en m’objectant que j’en savais désormais l’historique dans tous les temps et dans tous les pays civilisés, et qu’il n’entrait pas dans son programme de m’en donner les notions applicables au temps présent.

— C’est une chose si logique et si acceptée dans les bonnes mœurs, ajouta-t-il, que je n’ai aucune philosophie particulière à vous enseigner à cet égard-là.

— Je vous demande pardon, Frumence, répondis-je avec un grand sérieux. Je suis arrivée à l’âge où je puis être appelée d’un jour à l’autre à faire un choix ; ne pouvez-vous me dire s’il faudra m’y décider comme à une nécessité inévitable de ma position, ou si vous me conseillez d’attendre que je sois plus instruite, plus raisonnable et plus capable de discernement ?

— Je ne puis rien vous conseiller. Si vous étiez complètement libre, je vous dirais que rien ne presse ; mais, si votre bonne maman, qui craint de vous laisser seule dans la vie, désire que vous vous hâtiez, je ne dois en aucune façon avoir un avis opposé au sien.

Je plaidai le faux pour savoir le vrai.