Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/266

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— Ce sera donc la première fois ? Sois sincère !

— Je veux être sincère. J’y ai pensé cent fois. Il n’en pouvait pas être autrement. Tu es certainement la personne que j’aime le mieux au monde, ce qui ne veut pas dire que je mourrai de désespoir si tu en épouses un autre, un autre plus riche, plus instruit et plus aimable ; c’est ton droit. Et c’est parce que je t’ai toujours reconnu ce droit-là que je n’ai jamais pensé à toi comme à quelqu’un dont on fait dépendre sa vie. Est-ce clair ?

— Oui, et c’est parfaitement raisonnable.

— C’est raisonnable et loyal.

— C’est conforme au savoir-vivre.

— Ah ! Lucienne, je t’y prends ! tu y mets de l’ironie, ma petite !

— Non, je me conforme à ton vocabulaire pour éviter les malentendus.

— Écoute, ma fille : si c’est une épreuve que tu veux tenter, épargne-toi cette peine. Je ne te ferai jamais la cour, c’est-à-dire que je ne te ferai jamais de mensonges. Je ne ferai pas des yeux blancs et des soupirs à faire tourner les moulins de Galathée. Je ne me ferai jamais berger, je ne te prendrai jamais les mains et jamais je ne te demanderai un doux baiser sous l’ombrage. Tu