Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/306

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lisai sur son compte. Je fis observer à Jennie qu’en lui disant la vérité lorsqu’il viendrait me la demander, je ne courrais pas le risque de froisser sa tendresse. J’essayai à ce propos de lui demander ce qu’elle pensait de mes droits, dans le cas où ils me seraient contestés.

— Je pense, me dit-elle, que, si l’on vous réduit à la moitié des biens de votre grand’mère en attaquant son testament, vous aurez encore de quoi vivre. Cela joint à ce que j’ai…

— Tais-toi, Jennie, ne parlons jamais d’argent. Ce qui est à l’une est à l’autre, c’est convenu, et il y aura toujours assez pour nous deux. Ce qui m’inquiète un peu, c’est de bien savoir qui je suis. Les papiers laissés par ma grand’mère n’ont rien révélé à cet égard.

— Ce qui doit être révélé à cet égard, répondit Jennie, est entre nos mains. C’est là, dans ce bureau dont vous avez la clef et où vous avez vu cent fois un paquet cacheté. Le jour où l’on vous demanderait si vous êtes ce que vous êtes, nous ouvririons cela et nous le lirions. Ne m’en demandez pas davantage. Je dois me taire jusqu’à l’heure marquée, et, si cette heure ne vient jamais, vous lirez cela toute seule et le garderez pour vous. Je ne voulus pas interroger Jennie davantage. Sa figure avait une expression si solennelle, que j’au-