Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/62

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géographie et de mythologie. J’aspirais à en savoir davantage. Ma grand’mère commençait à être au bout de son rouleau, et d’ailleurs sa vue s’éteignait rapidement. Elle dirait souvent qu’il me faudrait bientôt une gouvernante qui ne s’ennuierait pas dans notre désert et qui s’accorderait avec Denise. Ce n’était pas bien facile à trouver.

Quand elle eut à s’occuper de Marius, son embarras augmenta. Marius était fort tranquille, et les exercices équestres, les exploits cynégétiques annoncés par lui se bornèrent à la mort de quelques moineaux qu’il guettait au repos avec beaucoup de patience et tuait presque à bout portant, et à quelques tours de prairie sur le petit cheval du meunier, qui n’avait pas la moindre malice. Un jour, son fusil, qu’il avait un peu trop bourré, le repoussa et lui fit peur ; un autre jour, le bidet, qu’il voulut éperonner, lâcha une petite ruade et le désarçonna sur le gazon. Il devint fort prudent. Les promenades à pied ne le rassuraient pas non plus. Il s’était vanté d’être un grand marcheur et d’avoir le pied montagnard : lorsqu’il me vit descendre en courant à la Salle verte et traverser le torrent sur les grosses pierres, il fit contre fortune bon cœur et me suivit ; mais il déclara que c’était un vilain endroit et qu’il aimait mieux le jardin. Quant à la mer, où l’on nous conduisit en voiture, il la