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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/125

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libre envers Lucienne. C’est pourquoi je ne veux pas qu’elle se hâte de faire un choix qui pourrait hâter et déterminer le vôtre en ma faveur. Elle mariée, heureuse, il vous serait permis de m’accepter pour mari ; mais que l’espérance dont je me nourris religieusement me soit à jamais enlevée plutôt que d’influencer ma conscience et de troubler ma raison ! Je veux encore étudier Mac-Allan avant de l’encourager. Je veux pénétrer tous les détails de sa vie et saisir toutes les nuances de son caractère. Il a confiance en moi. Avant peu, je vous reparlerai de lui. Jusque-là, ne le fuyez pas, Lucienne ; observez-le. Vous êtes censée ignorer des projets dont je ne vous aurais pas encore fait part sans cette lettre de Galathée.

— Mais il vous demandera si je les pressens, et vous ne voudrez pas mentir.

— S’il faut mentir un peu pour soutenir la dignité et conserver l’indépendance de votre rôle, je mentirai, ma chère enfant. En pareille occurrence, ce n’est pas un si gros crime.

— Merci, Frumence, répondis-je en serrant la main qu’il me tendait. Merci pour les sacrifices immenses que vous me faites… Mais toi, Jennie, tu n’as rien répondu aux belles et bonnes choses qu’il t’a dites ! Tu es blasée sur son admirable dévouement, heureuse femme !