Aller au contenu

Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il le jure de bonne foi, et je le croirai, et je serai heureuse de le croire ! Voilà l’amour, Jennie ; il n’y en a pas d’autre. C’est une chimère, si tu veux, c’est une folie, dirait Frumence. Assez de raison comme cela ! assez de rectitude d’idées, assez de déductions, assez d’analyses, assez de distinctions logiques, assez de philosophie transcendante, j’en suis lasse ! Je veux connaître cette délirante chimère et plonger dans cette immense folie. Laisse-moi aimer comme je l’entends, Jennie, et ne me parle jamais de Frumence ; il me tuerait ou il m’exaspérerait. J’en viendrais vite à le haïr ou à le railler, ce qui serait pire. J’ai en lui le meilleur des amis ; ne me l’ôte pas pour me donner un mari odieux !




LXIX


Jennie m’écoutait avec autant de stupeur qu’elle m’en avait causé une heure auparavant. Elle prit maternellement ma tête dans ses mains ; elle me regarda dans les yeux. Elle interrogea mon pouls comme eût fait un médecin.

— Tu peux m’examiner, lui dis-je, tu verras