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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/318

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J’étais véritablement désespéré, n’ayant pas de colère pour réagir.

« Quand lady Woodcliffe me montra votre lettre de désistement, je vous admirai, je vous estimai, je vous regrettai encore davantage. Je me frappai la poitrine. Mon malheur était mon ouvrage. Je ne vous avais pas assez appréciée, je n’avais pas su vous convaincre. J’aurais dû être moins confiant en moi-même, plus sérieusement jaloux de Frumence, lutter énergiquement contre lui, le supplanter, ce rival discret et résigné qui avait voulu se sacrifier à moi et qui l’emportait malgré lui ! J’aurais dû être soupçonneux, égoïste, passionné, me faire aimer enfin ; je ne l’avais pas su ! J’étais trop vieux, ce n’était pas tant le charme qui m’avait manqué que la flamme.

« Je restais consterné, faisant mille projets insensés : courir après vous, vous enlever, tuer Frumence. J’étais fou ; je retombais accablé sous cet arrêt : « Elle l’aime ! tout ce que je tenterai me rendra haïssable ; il faut ne jamais la revoir et rester son ami. »

« J’étais malade, j’étais au lit avec la fièvre, quand John arriva. John avait trouvé les faits trop délicats à écrire ; il avait pris la poste, il venait me raconter ce qui s’était passé, s’accuser de mon malheur, m’avouer que, connaissant mon ancienne