Page:Sand - Constance Verrier.djvu/110

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« La beauté, ma chère ! Vous me demandez ce que vous allez devenir, et vous avez le premier des biens ! Une femme belle est toujours heureuse, croyez-moi, soit qu’elle enchaîne mystérieusement à ses pieds quelques hommes de mérite, soit qu’elle se contente de faire enrager les autres femmes et d’absorber tous les regards. N’attendez pas de moi de mauvais conseils ; je ne vous en donnerai qu’un, qui est bon, à quelque sauce qu’on le mette : c’est d’être fort prudente, parfaitement maîtresse de vous-même, et de respecter les convenances, les apparences si vous voulez, comme l’arche sainte de notre bonheur et de notre liberté. Je ne veux pas sonder les besoins de votre cœur, j’ai la main trop vieille et tremblotante : je ne saurais pas bien distinguer les sentiments secrets qui couvent là sous les ailes du silence. Ne m’en dites pas un mot, et s’il y a, tôt ou tard, éclosion, cachez bien, même à moi, ces indiscrets petits amours que l’on ne doit jamais mettre en nourrice. Ne vous fiez à la discrétion de personne, et souvenez-vous que la Sibylle est votre marraine.

« Je suivis ce bon conseil, je le suis encore, et voilà pourquoi mon histoire est finie. »

— Finie ! déjà ? s’écria la Mozzelli ; finie avant d’être commencée ?

— C’est une histoire d’amour que vous vouliez ? reprit la duchesse. Eh bien ! il me semble qu’elle a été complète. Si je n’ai eu qu’un amour dans ma vie, — c’est peu, j’en conviens, — ce n’est pas ma