Page:Sand - Constance Verrier.djvu/127

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l’un que l’autre ; ce sont deux êtres qui ont également besoin l’un de l’autre pour se compléter, et dont l’amour fait une admirable unité ; unité éphémère chez les animaux, durable chez nous, parce que l’intelligence est là pour aider le cœur et les sens à ne pas s’épuiser en un jour. L’amour humain est donc naturellement porté à une aspiration de durée et de choix exclusif dans les âmes saines et le mépris de cette faculté le rapetisse et l’attiédit. Vous savez cela aussi bien que moi, et je suis bien sûre que, dans ces changements trop brusques que vous vous reprochez, vous avez toujours commencé par être de bonne foi et par vous persuader que vous alliez aimer beaucoup et longtemps.

— C’est vrai ; cela a été ainsi, jusqu’au jour où j’ai compris que l’homme avait un tout autre désir et un tout autre besoin, celui de ne pas dépenser son cœur avare et de ne pas compromettre sa liberté égoïste. Vous me parlez des lois de Dieu ! Il s’en soucie bien, lui, l’homme, qui recherche, non pas une femme, mais le plus de femmes possible, afin de n’appartenir qu’à lui-même, c’est-à-dire à son appétit !

— Prenez-vous-en au désordre des idées et au malaise général de la société. Les femmes y ont tout autant contribué que les hommes, les unes en perdant la foi, comme vous, par lassitude ; les autres en l’abjurant par calcul et de parti pris, comme a fait la duchesse. Je conviens que, sous le rapport des relations entre les deux sexes, le monde devient tous les jours