Page:Sand - Constance Verrier.djvu/145

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charité envers tous et la passion pour un seul, l’espérance du ciel et celle du véritable hyménée sur la terre : est-ce le bruit des voitures qui passent, le craquement de nos robes de soie ou l’odeur des lilas blancs dans ces vases de Chine, qui peuvent nous en distraire ?

— Non ! nous sommes ici devant Dieu tout aussi bien que saint Jean à Patmos, et nous pouvons y rêver une sublime apocalypse si nous avons le feu dans le cœur et dans la tête. Qu’est-ce qu’il y a au fond de ce grand poëme de l’apocalypse ? Le savez-vous ? Il y a la prophétie de la régénération du monde par l’amour : un monstre effroyable qui s’appelle la prostituée, et qui est vaincu, et un agneau, symbole d’innocence, qui brise les sceaux du livre de l’avenir. Donc, le monde, est à nous si nous voulons ; le monde du vrai, du beau et du bien, c’est-à-dire le bonheur ! Le livre a été ouvert comme jadis avait été ouverte la mystérieuse boîte de Pandore, d’où sortirent les passions aveugles et les appétits funestes, instruments de torture et de mort. Du livre évangélique, ce qui est sorti, c’est l’amour, c’est la vie ! Nous avons donc la loi écrite, soyons la loi vivante, aimons ! À genoux, Magdeleine, et ne blasphémez plus ; l’amour est ici !

— Ah ! si je pouvais croire ! s’écria la Mozzelli fondant en larmes. Mais vous me montrez une cime que je ne pourrai jamais gravir !

— La route vous semble donc bien longue et bien