Page:Sand - Constance Verrier.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec mademoiselle Verrier en présence de sa fille, à qui, par une contradiction bien connue chez les femmes de son caractère, elle la proposait à tout instant pour modèle.

La Mozzelli se trouva si occupée de l’organisation assez difficile de son concert, qu’elle ne put causer à cœur ouvert avec Constance ; mais elle lui sut un gré infini de ses visites, et quand, le concert donné, elle se disposa à partir, elle la supplia de lui consacrer quelques heures, et d’accepter de dîner avec elle en tête à-tête. On se rappelle qu’elle avait à Nice une petite maison, un nid de fleurs et de soie qu’elle ne louait à personne, comptant toujours s’y installer et n’y allant presque jamais. Elle n’y recevait personne de frivole ou de compromettant, et ce dernier jour-là, d’ailleurs, elle fermerait sa porte, comme Constance avait fermé la sienne, à Paris, le jour de leur dîner intime avec la duchesse.

— Mais la duchesse, dit Constance, allons-nous l’exclure de la partie ? et comme je suis sûre qu’elle n’y viendra pas, ne devriez-vous pas l’inviter, pour ne pas accomplir une sorte de rupture avec elle ?

— Ne m’a-t-elle pas dit, répliqua la cantatrice, qu’on ne pouvait pas voir une personne comme moi, quand on n’avait plus sa fille au couvent ? Pourquoi m’exposerais-je à un nouvel affront de la part d’une femme beaucoup plus perdue que moi-même ?

— Elle n’est pas perdue selon le monde, et elle est forcée d’obéir au monde : c’est encore ce qu’elle peut