Page:Sand - Constance Verrier.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec une tendre et parfaite reconnaissance. Elles étaient l’objet de son respect tout comme les vestales. Il se disait un peu saint-simonien et fouriériste aussi de ce côté-là, et cela, sans manquer d’un certain idéal. La femme austère, disait-il, mérite un culte quand l’amour est le mobile de sa vertu ; mais il y a au-dessous des autels des trônes pour les autres puissances, la bonté, la beauté, et même la volupté !

— Tout ceci veut dire, reprit la Mozzelli agitée d’un tremblement nerveux, qu’il s’est prosterné devant le dernier de ces trônes inférieurs, et vous mourez d’envie de me persuader que nos deux Melvil ne font qu’un !

— Encore ! s’écria la duchesse. Vous comptez donc bien peu sur le vôtre ? Regardez Constance ! il y a un Melvil quelconque dans sa vie, et elle m’écoute fort tranquillement.

— Fort tranquillement, comme vous voyez, répondit Constance ; mais je n’approuve pas l’espèce de persécution cruelle que vous faites subir à notre amie. Si c’est une vengeance des soupçons gratuits et irréfléchis que vous avez surpris tout à l’heure, elle a duré assez longtemps. Revenez à votre extrême bonté naturelle, et dites-lui bien qu’il n’y a rien de commun entre les deux personnages…

En ce moment , la clochette de la grille du petit jardin fut secouée avec force : Constance tressaillit involontairement : c’était peut-être Abel qui arrivait