Page:Sand - Constance Verrier.djvu/182

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et amère : Némésis en cheveux blonds et en robe de dentelle.

Mahoult tressaillit et retira sa main de celles de Sofia. Mais il était homme du monde, et il salua la duchesse sans paraître déconcerté. Il ne lui venait pas à la pensée qu’elle eût pu se vanter d’une de ses plus audacieuses fantaisies.

La duchesse eut pitié de la Mozzelli, dont les yeux ardents allaient d’elle à son amant. Elle salua Raoul comme quelqu’un que l’on voit pour la première fois, et se contenta d’entrer au salon pour y prendre son châle, en priant la Mozzelli de donner des ordres pour que l’on fît avancer sa voiture.

La Mozzelli sonna. Elle était tremblante, éperdue ; mais la duchesse jouait parfaitement son rôle, et Raoul était impassible. Elle se tranquillisa, et, se rappelant Constance, elle courut vers le banc où elle l’avait laissée, afin de lui dire sa joie et de recevoir ses adieux.

La duchesse et Raoul Mahoult restèrent donc quelques instants seuls au salon. L’échange des paroles fut rapide :

— Je ne m’attendais pas au bonheur de vous rencontrer ici, madame la duchesse.

— Ni moi au plaisir de vous y voir arriver.

— Est-ce que vous êtes établie à Nice ?

— Mais oui. Et vous, y venez-vous pour quelque temps ?

— Non, je pars demain matin.