pas besoin de m’en montrer si bien les conséquences. Je les sens de reste, et ce que je souffre va au delà de tous vos reproches. Quant à ce qui vous concerne, vous devez pardonner, comme Constance pardonne. Vous le devez, Sofia, je vous le dis sérieusement ! demain il serait trop tard.
— Vous voulez vous tuer ? s’écria la Mozzelli, frappée de la tranquillité effrayante de Raoul. Eh bien, cela est encore d’un égoïste. Vous voulez que Constance vous pleure. Vous ne voulez pas qu’elle vous oublie ! Vous vous vengerez ainsi, sur cette pauvre innocente, des crimes que vous avez commis envers elle ! Tenez ! ce sera là le pire de tous, car il aura été prémédité !
Raoul haussa les épaules. Il fallait que Sofia fût bien exaspérée pour le croire si lâche. Il était bien décidé à mourir si Constance l’abandonnait, mais à mourir loin d’elle, et sans qu’elle pût croire à un suicide.
La duchesse vint bouleverser ses idées, et même ébranler la conviction de la Mozzelli. Elle sortait de causer avec Constance et ensuite avec Cécile. — Vous n’avez rien compris à la tranquillité de ces deux femmes, leur dit-elle. Elles ne savent rien, elles ne se doutent de rien !
— C’est impossible ! dit la Mozzelli.
— Oui, c’est impossible, ajouta Raoul : Constance ne m’a pas regardé, elle ne m’a pas adressé la parole une seule fois depuis quatre jours et quatre nuits que j’entre chez elle à toute heure.