Page:Sand - Constance Verrier.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un tour de force. La Mozzelli fronça son noir sourcil, et le vieux Lélio, qui chantait avec elle, lui dit en italien à l’oreille : « Il va falloir crier pour couvrir la déroute. » Mais Constance, qui avait entendu souvent l’un et l’autre, les accompagna en maître, les soutint, les devina et les fit si bien valoir qu’en finissant, l’étourdie et sincère Italienne la remercia par une poignée de main et un baiser tendre et respectueux sur ses bracelets. Constance ne s’effaroucha point de cet hommage mêlé de familiarité ; elle sourit, serra la main de la cantatrice, et alla se rasseoir entre sa tante et la duchesse. C’était une place qu’un second hasard lui avait assignée.

Naturellement, la Mozzelli vint recevoir les éloges de sa protectrice, et elle voulut en reporter la moitié sur mademoiselle Verrier. La duchesse loua le talent de la bourgeoise, et rendit délicatement justice à la bonne grâce simple et touchante de son premier mouvement.

— Oh ! le premier mouvement ! s’écria la Mozzelli, il n’y a que cela de bon au monde !

— Trouvez-vous ? dit la duchesse à Constance, avec un sourire de déférence aimable.

Je ne sais ce que répondit mademoiselle Verrier, mais la conversation s’engagea entre elles trois. Après le thé, quand les rangs se furent éclaircis, elles se plurent à la renouer, et la maîtresse de la maison y mêla sa grâce conciliante et son aimable enjouement. Elles se rencontrèrent en visite chez madame Ortolani