Page:Sand - Constance Verrier.djvu/226

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plaindre, et chaque jour il en souffrait davantage ; Constance reprenait ses forces, et son âme ne se relevait pas. Raoul retomba dans ses perplexités.

Un matin, la tante le prit à part.

— Je t’ai mal conseillé, lui dit-elle, en te recommandant de ne jamais lui parler des femmes dont tu as pu t’occuper plus ou moins dans tes voyages. Si tu lui es resté fidèle, comme je le crois à présent, car je vois que tu l’aimes plus que jamais, tu feras bien de le lui dire. Elle a peut-être des inquiétudes. Quelqu’un lui aura parlé de toi légèrement. Cette Sophie Mozzelli est une bonne fille, mais si folle ! Elle lui aura raconté quelque cancan. Enfin, Constance est triste, cela est sûr ; plus triste que malade, et il faut la sortir de là. Voyons, tout de suite, aujourd’hui même, tâchons de l’amener à te questionner ; ou bien je prendrai ça sur moi, si tu veux, comme si je plaisantais, et tu profiteras de l’occasion pour te défendre bien sérieusement.

Raoul recula avec effroi devant cette dissimulation préméditée.

— Vous avez entendu Constance elle-même, répondit-il, assurer qu’il valait mieux ignorer les petites souffrances l’un de l’autre. Moi, j’ai beaucoup souffert loin d’elle… Elle paraît désirer que je ne lui en parle pas.

Cécile Verrier insista. Raoul était fort gêné pour s’entendre avec cette vieille fille qui ne comprenait rien aux orages des passions, et dont l’esprit peu cultivé